La Compagnie de
L’Arquebuse ROYALE de CORBEIL
« Le duc de Bourgogne assiégea en vain Corbeil en 1418, la Compagnie des Arquebusiers, et tous les corps de milice bourgeoise, résistèrent jusqu’à l’arrivée des troupes du Roy qui firent lever le siège »
En 1544,
le Roi créa un corps temporaire d’arquebusiers pour la défense de la ville de
Corbeil
Cette
intervention du Roi pour la création de ces Arquebusiers complémentaires permet
d’affirmer que l’Arquebuse de Corbeil était, depuis un temps très reculé,
d’institution royale.
Le
duc de Gesvres, Gouverneur de Paris et de L’Isle de France, proclame le fait
dans son ordonnance du 26 juillet 1757, approbative des nouveaux statuts de la
Compagnie Royale des Arquebusiers de Corbeil.
Les
titres anciens ont d’ailleurs passé sous ses yeux. Aussi a-t-il pu déclarer que
« que la Compagnie des Chevaliers de l’Arquebuse, instituée pour la Ville
de Corbeil, a été confirmée par Henri II, de glorieuse mémoire, sous le nom de
l’Arc et de l’Arbalète ».
On
retrouve les Arquebusiers de Corbeil prenant la plus grande part , en 1590 , à
la défense de la Ville assiégée par Alexandre Farnèse , Duc de Parme , luttant
pour la ligue contre Henri IV .
En 1590,
la Ville fut assiégée par les Espagnols, le Duc de Parme essuya pendant un mois
la résistance des habitants et des Arquebusiers, avant de s’emparer de Corbeil.
Dans
le commencement de Novembre, le Duc de Parme partit de Corbeil pour retourner
en Flandre, laissant une garnison insuffisante pour la défense de la Ville.
Le
seigneur de Givry, gouverneur de la Province, avec l’aide des Arquebusiers reprirent
en quelques heures leur Ville.
Tous
les Capitaines et Soldats qui se trouvèrent dans Corbeil furent tués, sans en épargner aucun pour rendre la pareille de l’exécution que
les Espagnols y avaient faite.
Privilèges du Roi de
l’oiseau
Les
lettres patentes délivrées successivement par les Rois Henri II et Henri III
n’avaient pas eu seulement pour but de consacrer l’institution des Arquebusiers
de Corbeil, mais encore elles avaient tout spécialement reconnu les privilèges
accordés à celui d’entre les Chevaliers
qui abattraient le Papegault (l’oiseau).
Ces
privilèges étaient certainement identiques à ceux concédés aux institutions de
même nature dans les autres Villes du Royaume.
Ils
se résument au surplus, en ce qui concerne la Ville de Corbeil, en ceci, savoir
: exemption de tout tribut ; VIII e, quatrième, et XX e du vin pour les
meilleurs tirant l’Arc et l’Arbalète pendant l’année de la Royauté.
Henri
IV maintint les concessions des Rois ses prédécesseurs, ainsi que le texte des
lettres patentes d’Octobre 1602.
Ces
lettres patentes furent adressées par le Roy le 13 décembre 1602, à la cour des
Aydes, pour y être vérifiées.
Cette
formalité accomplie, elles y furent enregistrées.
Des
lettres de confirmation de Henri II et de Henry IV il y résulte que Corbeil
avait eu aussi ses Compagnies d’Archers et d’Arbalétriers, leur histoire est
depuis longtemps tombée dans l’oubli, car les termes de ces ordonnances et des
pièces transcrites, sont les seules traces de ces corporations confondues en
définitive dans la Confrérie des Arquebusiers qui leur a survécu.
Indépendamment
des exemptions et privilèges accordés par les Rois, le vainqueur de l’oiseau, à
Corbeil, fut gratifié par la ville d’un privilège spécial.
Le
Roi de l’Arquebuse eut le droit de vendre son vin avec exemption du paiement
des droits d’octroy dits de la moitié de courte pinte, appartenant à la Ville,
à la charge toutefois du versement annuel au receveur des octroys d’une somme
de trois livres tournois, à titre d’abonnement.
Ce privilège,
dont l’origine n’est pas fixée par une date précise, parait, en tout cas,
remonter à une époque fort ancienne, antérieure certainement à 1556, date des
lettres de confirmation de Henri II.
Le
Roy de l’Arquebuse fut aussi autorisé à céder son droit de privilège à quelque
autre membre de la Compagnie ; ce fait ressort d’une délibération de
l’Assemblée municipale du 25 septembre 1672, portant, comme les précédentes,
adjudication des droits d’octroy de courte pinte.
Cette
charge est encore textuellement reproduite dans une autre délibération du 10
septembre 1684, c’est la dernière inscrite aux registres de la Ville,
concernant cette matière.
Mais
il faut admettre que l’exemption dont jouissait le Roy de l’Arquebuse fut
maintenue jusqu’au décret de juin 1790 , qui fit disparaître , comme on sait ,
non seulement les privilèges des Corporations et ceux de leurs Rois , mais
encore les Compagnies privilégiées elles-mêmes .
Toutefois,
ce n’est pas sans trouble, que les Roys de l’Arquebuse de Corbeil ont bénéficié
de l’exemption à ceux concédée à eux par la Ville.
En
effet , en 1672 , bien que le cahier des charges du fermier des octroys lui
imposât , comme il vient être dit , l’obligation de respecter le privilège du Roi de l’Arquebuse , le sieur Isaac
Boulanger , adjudicataire des droits d’octroy , tenta de s’affranchir de cette
condition , et voulu contraindre le Roy proclamé en 1671 à payer les droits de
courte pinte à raison du vin qu’il avait vendu en détail , sans tenir compte du
privilège accoutumé .
Un
procès s’ensuivit en l’Election de Paris : la ville de Corbeil résolut d’y
intervenir pour défendre et faire maintenir les droits du Roi de l’oiseau.
Cette
résolution est consignée dans une délibération du bureau de la Ville, en date
du 3 juillet 1672.
A
ce privilège de l’exemption du droit de courte pinte, vint s’ajouter, en 1690,
une allocation de trente livres à prendre sur les octrois de la ville.
Cette
allocation fut confirmée par un arrêt du conseil d’Etat du Roi en date du 15
mars 1692.
Les
Rois de l’oiseau de l’Arquebuse de Corbeil ont joui de cette allocation
annuelle de trente livres, tout au moins jusqu’en 1767, comme justification on
a trouvé dans les archives de la Ville un mandat de paiement.
Hôtel et jardins de
l’Arquebuse
La
Compagnie Royale des chevaliers de l’Arquebuse de Corbeil tint ses réunions et
se livra à l’exercice du tir, dans les temps les plus reculés, sur un terrain
six place Saint Guenault ; plus tard elle transporta son siège sur l’un des
remparts de Corbeil, non loin de la porte Saint Nicolas, ou elle combattit
victorieusement le 13 novembre 1562.
Elle
y créa son Jardin ; elle y construisit son Hôtel, et demeura propriétaire du
tout jusqu’au 27 avril 1793, date du décret de la Convention nationale, qui
déclara biens nationaux les meubles et immeubles qui avaient été possédés par
les ci-devant chevaliers ou par les compagnies connues sous le nom d’Arquebusiers.
Il
est difficile de préciser l’époque de l’installation des Jardins, Jeu et Hôtel
de l’Arquebuse sur le rempart : cependant on peut la placer entre l’année 1687
et l’année 1695.
En
1751 la Compagnie de l’Arquebuse, pour compléter son Jardin, obtint de M le Duc
de Villeroy, « comme Seigneur engagiste du domaine de la Ville et Comté de
Corbeil » la concession gratuite d’un terrain vague joignant le dit Jeu,
pour servir à sa décoration
Statuts et règlements
La
Compagnie des Chevaliers de l’Arquebuse royale de Corbeil fut régie, jusqu’en 1757,
par des règlements et des statuts fort anciens sans doute, mais absolument
inconnus aujourd’hui.
En
1757 , considérant que ces règlements faisaient souvent naître des
contestations , par la diversité des arrêtés sur une même matière , et les
variations qui s’y rencontraient , qui ne pouvaient former pour la Compagnie
une loi précise et une règle de conduite connue , et à portée d’un chacun pour
l’exécuter , les Arquebusiers de Corbeil pensèrent trouver avantage à dresser
un corps ou collection de Statuts et Règlements divisés par ordre et par titres
formés de l’esprit des anciens statuts , et conformes à ceux d’autres
Compagnies du Jeu de l’Arquebuse dans la Province de l’Ile de France .
Ces
nouveaux statuts furent faits et arrêtés, la Compagnie assemblée le 17 juillet
1757 après midi.
Dès
le titre le titre, les Arquebusiers annoncent ingénieusement le fond de leur code.
En
tête des statuts on lit en effet le quatrain suivant, écrit en latin, et
accompagné de la traduction en français :
Nos lois, sous l’image d’un jeu,
Sont une école de la guerre,
Nos prix, qui des vertus
sont le juste salaire,
Apprennent à servir et son
Prince et son Dieu.
L’Arquebuse de Corbeil fait
partie des concordats des quatre Provinces
La
Compagnie de l’Arquebuse de Corbeil faisait partie du Concordat intervenu à
Chaunay en 1680, entre les provinces de Picardie, Champagne, Brie et Ile de France.
Elle
fut également représentée à la réunion qui eut lieu pour la formation d’un
nouveau Concordat le 18 décembre 1775, en la salle Saint-Michel du Grand
Couvent des Cordeliers de Paris, sous la présidente du Duc de Bourbon,
Gouverneur général de la Champagne, le délégué de Corbeil fut M Vaudreuil.
Corbeil
devait avoir, d’après la fixation édictée par l’assemblée concordataire, 50 chevaliers,
ce nombre ne fut atteint qu’une seule fois.
Concours Provinciaux
En
raison de sa participation aux Concordats de 1680 et de 1775, la Compagnie de
l’Arquebuse Royale de Corbeil se rendit, en diverses circonstances, aux
invitations qu’elle reçut d’assister à des tirs provinciaux.
Une
solennité de ce genre eut lieu à Melun le 6 juin 1692 ; la Compagnie s’y transporta,
et le prix du Bouquet fut remporté par l’un de ses Chevaliers, M Dugoigt.
Elle
a figuré au tir général de Provins en 1686 , au tir provincial de Reims en 1687
, elle y fut représentée par M. Darbonne , son Capitaine en chef , et par un
Chevalier ; encore à Provins en 1695 , à Compiègne en septembre 1729 .
L’arquebuse
de Corbeil a pris part à Meaux, au tir général du 29 août 1717, décrit d’une
manière si originale par la gravure de Joulain ; vingt de ses Chevaliers
« au costume gris de fer et portant des pêches de Corbeil » y ont concouru.
Un
des Chevaliers de Corbeil gagna l’un des prix, et le panton fut conservé dans
la salle des assemblées jusqu’en 1790 : mais le nom de ce Chevalier est tombé
dans l’oubli.
Le
4 septembre 1729, à Compiégne, le Chevalier Richard eut le treizième prix.
On
vit la Compagnie de Corbeil concourir le 11 septembre 1754 à Châlons-sur-Marne.
Le
sucés obtenu à Melun le 6 juin 1682 ne
resta pas isolé , l’almanach de la Ville et District de Corbeil de 1792
rapporte , en effet , que les Chevaliers Richard et meunier de l’Arquebuse de
Corbeil furent déclarés vainqueurs du Bouquet au tir provincial de
Brie-Comte-Robert ,
le
1er septembre 1765 .
Ce
Bouquet devait être représenté à Corbeil ; le programme de la fête projetée à
ce sujet fut publié le 12 février 1772, au bruit du canon.
La
Compagnie d’Arquebusiers de Montereau-faut-Yonne rendit, le 28 août 1773, le
prix qu’elle avait remporté à la Ferté-sous-Jouarre en 1766.
Elle
convoqua les Confréries du Concordat ; et les logements des chevaliers invités
furent préparés dans les différentes auberges de la Ville et de ses faubourgs,
sur chaque portes on lisait : « Hôtel de Paris, Hôtel de Corbeil, etc.
...... En faveur de ceux qui ne sçavoient pas lire chaque Compagnie laissoit flotter son
étendard à la fenêtre ».
L’Arquebuse
de Corbeil y avait député neuf Officiers et vingt Chevaliers.
A
leur tour les Chevaliers de l’Arquebuse de Saint-Quentin rendirent le 5
septembre 1774, le Bouquet qu’ils avaient gagné au tir provincial de
Châlons-sur-Marne, le 11 septembre 1754.
Quarante-deux
Compagnies répondirent à l’appel de l’Arquebuse de Saint-Quentin ; la Confrérie
de Corbeil qui prit le vingt-deuxième rang, était composée de:
Messieurs,
Richard
de Baudreuil, Capitaine Lorel, Chevalier Grenadier,
Bertrand,
Premier Lieutenant,
Brisset, Chevalier,
Meunier,
deuxième Lieutenant,
Bachelet, Chevalier,
Richard,
Lieutenant des Grenadiers, Joson,
Chevalier,
De
la Saudade, Major,
Huart, Chevalier,
Maire,
Enseigne,
Bourgeois, Chevalier,
Lesage,
Porte Guidon, Durand, Chevalier,
Denuelle
de Vigny, Commissaire-Inspecteur,
Denuelle de la pleigne, Chevalier.
Lefebvre,
Chevalier Grenadier,
Deshayes,
Chevalier Grenadier,
Boullant, Chevalier Grenadier,
Rollot,
Chevalier Grenadier,
Les
Chevaliers Bourgeois et Lefebvre remportèrent les septième et huitième prix du
quatrième panton.
Les
Arquebusiers de Meaux vainqueurs du Bouquet à Montereau-faut-Yonne, en 1773, le
rendirent le 6 septembre 1778.
La
fête du Prix Général du 6 septembre 1778 fut « une des époque les plus
glorieuses dans l’histoire provinciale de l’Arquebuse de Corbeil ».
L’un
des Chevalier fit sur le premier panton un coup à deux lignes, de sorte qu’il
prétendit droit au bouquet et à l’Epée d’honneur.
Le Bouquet
Le
Bouquet offert par la ville de Meaux, le 6 septembre 1778, et qui, plus tard,
fut déposé dans la grande Salle des délibérations de l’Arquebuse de Corbeil,
était une pyramide de même forme et enrichie de différents ornements et attributs.
« Sur
l’une des faces de la base , était une inscription qui annonçait l’année de la
présentation du Bouquet ; sur l’autre , était une pareille inscription
désignant que le prix était le premier qui eût été rendu depuis la rénovation
du Concordat des quatre provinces ».
« Sur
la troisième face étaient peintes les Armes des Gouverneurs, sous lesquels
s’était renouvelé ledit Concordat.
Ces
Armes étaient celles de S A Monseigneur le Duc de Bourbon , Prince du sang ,
Gouverneur de Brie et Champagne , de Monseigneur le Duc de Gesvres , Gouverneur
de l’Isle de France , de Monseigneur le Duc de Cossé , Gouverneur de Paris , et
de M. le Comte de Périgord , Gouverneur de Picardie . Ces quatre écussons
étaient unis ensemble par un ruban enlacé , pour
désigner l’union qui régnoit entre les Compagnies d’Arquebuse de ces quatre
Provinces .
Sur
la principale face de la pyramide on voyait un chêne au naturel avec ses
feuilles et son fruit
A
ce chêne était attaché un médaillon de forme ovale représentant Louis XVI.
On
lisait sur le ruban, qui le tenait attaché, cette inscription REGI BENEFICO, le chêne désignait la force et
la durée de la Monarchie Française ; les feuilles et les fruits étaient
l’emblème de la fécondité du Royaume de France.
Sur
la seconde face, l’écusson des Armes de France était attaché à un palmier : ce
qui désignait que la France saurait toujours vaincre ses ennemis, et que les
jours du Monarque seraient comptés par ses victoires.
La
troisième face présentait un olivier, ou était pareillement attaché l’écusson
des Armes de la ville de Meaux, emblème de la paix qui permettoit à la
Compagnie de l’Arquebuse de la ville de Meaux de rassembler dans ses murs le
nombre zélé des Arquebusiers.
Cette
pyramide était surmontée d’une boule sur laquelle était placée une renommée ;
elle tenait d’une main la trompette , de l’autre une couronne naturelle de
lauriers ; elle avait un pied en l’air , et ses ailes étaient déployées pour
publier partout la bienfaisance du Roi : la couronne était le prix du vainqueur
.
Autour
de la pyramide, était une balustrade réunie en trois parties à trois piédestaux,
et ne faisant qu’un seul corps.
Cette
balustrade était à jour et formée par des entrelacs. Sous ces emblèmes de
l’institution des Compagnies d’Arquebuse.
On voyait,
à deux de ces trophées, deux écus sur lesquels étaient empreint deux chiffres :
l’un était la devise d’un preux Chevalier, AMOUR, HONNEUR, et l’autre était
celui de M de Peillon, Capitaine de l’Arquebuse Royale de Meaux.
Cette
pyramide était en marbre blanc, les ornements étaient en or, la sculpture était
du sieur Blin, et la dorure du sieur Pasquier, artistes connus et digne de
réputation dont ils jouissaient dans cette ville.
Le
Chevalier Goix le l’Arquebuse de Corbeil avait fait les deux meilleurs coups et
le 2 Mars 1780 le Bouquet fut apporté en grande pompe à Corbeil, et la Milice
Bourgeoise alla au devant du Chevalier Goix, sur le pont de Seine, lui offrir
le laurier en consécration de sa gloire.
Luxe, Costumes
.
Les
Chevaliers de l’Arquebuse de Corbeil ne le cédaient aucunement aux Chevaliers
des autres Confréries, quant au luxe et à l’éclat de leur costume.
On
a lu la description de leur uniforme dans les statuts du 17 Juillet 1757 ; le
velours ponceau, cramoisy, les galons d’or, les épaulettes, les plumes qui
décoraient le chapeau, donnaient à cet uniforme une certaine splendeur.
Tous
les comptes rendus des divers tirs provinciaux auquel l’Arquebuse de Corbeil a
assisté en font le plus grand éloge.
Rien
ne fut plus brillant , dit l’auteur anonyme de la fête du Bouquet à Montereau-Fault-Yonne
, du 28 Août 1773 , que l’arrivée du coche d’eau frété par les Compagnies de
Mante , Meulan , Paris , Saint Denis , Lagny , Corbeil , le temps était le plus
beau du monde , toutes les Compagnies étaient sur le tillac , chacune sous leur
étendard .
Le
brillant et la variété des uniformes ajoutait à la
beauté du spectacle.
Etendard
En
1754 à Chalons sur Marne, l’Etendard de la Compagnie de l’Arquebuse Royale de
Corbeil est décrit par le Chanoine Beschefer comme étant un drapeau à fond bleu
semé de lis d’or.
D’un
côté est une croix blanche, au milieu de laquelle sont les Armes de France
accolées de celles de Navarre.
Plus
bas sont les Armes de Monsieur le Duc de Villeroy, d’azur au chevron d’or
accompagné de trois croix ancrées de même, deux et une.
L’écusson
surmonté d’une couronne Ducale; au milieu sur une large bande est écrit en
lettre d’or COR BELLO PACEQUE FIDUM.
Au
revers du drapeau sont les attributs anciens de la Compagnie de l’Arquebuse.
Au
19em siècle Mr de Delaunay le décris ainsi :
L’Etendard
de la Confrérie de Corbeil était de soie blanche ; aux Armes de France d’un côté,
et les Armes de la Ville de l’autre, étaient magnifiquement brodées au centre,
la Compagnie n’ayant pas d’armoiries spéciales.
De
toute ancienneté l’Ecusson des Armes de Corbeil était chargé d’un coeur de gueules,
rempli d’une fleur de Lys d’or en champ d’azur, voulant dire que les habitants
ont le coeur bel, loyal, fidèle, et affectionné au service du Roy et à la
couronne de France.
L’Etendard
portait en outre la devise de la ville de Corbeil:
COR BELLO PACEQUE FIDUM, qui signifie soit FIDELE EN
PAIX COMME EN GUERRE.
Eugène
de Pradel, improvisateur bien connu, composa sur cette devise en quelques
minutes les quatre couplets :
Aux jours affreux de
détresse et d’alarmes,
Jours ou la Ligue était ivre
de sang,
Un vieux Guerrier saisit sa
hache d’armes,
Puis à son fils dit, en la
brandissant :
Vole aux combats remplacer
ton vieux père,
Et pour l’honneur, ton
prince et ton pays
Meurs, s’il le faut ; mais surtout,
ô mon fils
Sois fidèle en pais comme en guerre.
Musique et Sceau
La
musique se composait de deux tambours, un fifre et quatre musiciens qui
accompagnaient la Compagnie ou ses délégués dans les concours provinciaux et
dans les cérémonies publiques.
Aucun
document n’est venu révéler que l’Arquebuse de Corbeil possédât un sceau.
Les
procès-verbaux des délibérations connues n’en font nulle mention, et les
expéditions de ces procès-verbaux n’en sont pas revêtues.
Cependant,
aux termes de son règlement de 1757, on sait qu’elle délivrait pour prix des
jetons d’argent au coin de la Compagnie. C’est d’un de ces jetons sans doute
que veut parler le paléographe Chassant dans son Dictionnaire des devises (Paris
1878).
Il
le désigne comme portant sur l’une de ses faces la devise de la Ville.
C’était au bord où,
fécondant la plaine,
Riche des biens mûris par le
soleil,
Avec amour la Nymphe de la
Seine
Baigne, en passant, les
remparts de Corbeil,
Du vieux Soldat la leçon
noble et chère,
Dans tous les coeurs enfante
des héros,
Et mille voix font redire
aux échos :
Sois fidèle
en paix comme en guerre.
D’ingrats Français ont pu
fermer leurs portes
Au bon Henri, qui veut les
affranchir ;
Sans le secours de ses
braves Cohortes,
Il voit Corbeil, à son
aspect s’ouvrir.
Sous l’olivier déposant son tonnerre,
Le Béarnais dit à ses
habitants :
Je le savais ; Corbeil dans
tous les temps,
Fut fidèle
en paix comme en guerre.
Depuis ce jour, consacré par
l’histoire,
Jour glorieux, que le coeur
doit bénir,
Les citoyens, héritiers de
leur gloire,
D’un mot heureux gardent le souvenir,
Brave Cité, ce Roi sur ta bannière,
Récompensant dévouement et valeur,
Mis pour devise et pour gage
d’honneur :
Soit fidèle
en paix comme en guerre.
Dicton
Une
ancienne tradition fait connaître que la Compagnie de l’Arquebuse Royale de Corbeil
était signalée dans les réunions provinciales par le dicton :
les Pêches , on disait des habitants de Corbeil : petite ville , grand orgueil , donnant à entendre que ce dicton
procède de ce que les habitants de cette ville sont hauts à la main et prompts
aux armes .
Corbeil
, où la terre a la propriété de produire des Pêches excellentes ; d’où procède
le cri vulgaire de Pêches de Corbeil ,
qui a été autrefois le cri militaire de cette ville , qui ne doit point être
trouvé plus étrange que celui de l’Olive d’Athènes , de la rose de Rhodes , du
Mûrier de la Morée , de la Grenade d’Espagne , et de toutes sortes de fruits et
fleurs dont divers peules et Capitaines ont usés en leurs devises et Armoiries
, afin d’être mieux connus et remarquez en l’exécution de leurs prouesses et
actions guerrières .
Fêtes
L’Arquebuse
Royale de Corbeil prit part, avec le Corps municipal et avec la milice
bourgeoise sur laquelle elle avait le pas et la préséance, aux fêtes et
cérémonies civiles ou religieuse qui furent célébrées à Corbeil, en différentes
occasions.
Le
zèle des Arquebusiers de Corbeil ne s’est pas manifesté seulement dans les
fêtes et cérémonies civiles, militaires, ou religieuses, qu’on vient de rappeler.
Le
18 octobre 1775 un violent incendie menaçait de ruiner la maison du sieur Leleu
, munie à Corbeil , les Chevaliers de l’Arquebuse firent preuve , dans cette
calamiteuse circonstance , d’un dévouement sans bornes ; ils se multiplièrent ,
et leur précieux concours fut remarqué et signalé à qui de droit .
Ricart
, le dernier Secrétaire général du concordat de 1775 , dans son journal de la
Compagnie des citoyens arquebusiers royaux de la ville de Paris , mentionne la
présence à Paris , le 14 juillet 1789 , d’un certain nombre de députés des
Compagnies d’Arquebusiers de Melun , Troyes , Nogent-sur-Seine , Saint-Denis ,
et autres villes voisines de la Capitale ; et il y a tout lieu de croire que la
Compagnie de Corbeil , par un ou peut-être plusieurs de ses membres , fut
représentée à la prise de la Bastille .
Ce
qui est bien constant , d’après ce journal , c’est que le <chevalier Goix de
Corbeil a partagé avec les Arquebusiers de Paris , les fatigues et les périls
du service militaire , depuis le 14 juillet jusqu’au 3 septembre 1789 .
On lit , en effet , dans le dernier procès-verbal de Ricart , à
cette date , ces mots :
La
Compagnie des arquebusiers de Paris se croit obligée de consigner ici les noms
des Officiers et Chevaliers des Compagnies de province qui ont fait éclater
leur zèle patriotique , en partageant les peines et
les travaux guerriers de la Compagnie en différentes circonstances ; ce sont :
MM , Goix Corbeil , Colfart Troyes , Esprit Meulan , etc.,,etc.
Juridiction
L’Arquebuse
de Corbeil était, comme toutes les sociétés de ce genre, soumise à la
juridiction de la Connétablie et Maréchaussée de France, à la table de marbre
du Palais, à Paris, et on a vu plus haut qu’elle y avait utilement recouru pour
faire rétablir aux mains du Chevalier
Goix le Bouquet et l’Epée y attachée qui avaient été remis injustement à la
Compagnie de Coulommiers et au Chevalier Barbier, lors du concours provincial
de Meaux en 1778.
La
procédure qui fut engagée à ce sujet comporte neuf jugements précédents la
sentence finale et décisive du 27 août 1779. On peut juger, par ce fait,
combien les Chevaliers de Corbeil attachaient d’intérêt à leur cause, si
légitime d’ailleurs.
La
Compagnie avait, en d’autres occasions, déjà sollicité l’intervention de la Connétablie.
Les archives nationales conservent, en minutes, divers jugements rendus dans
des causes très variées.
Fin de l’Arquebuse
L’Arquebuse
Royale de Corbeil, chargée de gloire, soit à raison des faits de guerre
auxquels elle a assisté, soit à raison des succès qu’elle a obtenus dans les
réunions provinciales, honorée des autorités et des habitants de la ville,
heureuse d’apporter quelque éclat dans les fêtes et cérémonies, comme aussi de
prendre sa part dans les périls exceptionnels, a continué de fonctionner
jusqu’au décret du 18 Juin 1790 qui dispersa les Compagnies privilégiées.
L’Assemblée
Nationale avait préludé à cette suppression par le décret des 4 , 6 , 7 , 8 et 11 Août 1789 .
Les
drapeaux de l’Arquebuse de Corbeil devaient, en exécution de ce dernier décret , être déposés à la voûte de l’église principale de
la ville , pour y demeurer consacrés à l’union , à la concorde et à la paix .
Chacun,
du moins, espérait que ces précieux étendards y demeureraient à toujours ; on
avait compté sans la préoccupation de l’avenir, on ne pouvait encore prévoir
l’incendie volontaire qui les anéantit deux ans plus tard.
Ils
sont donc désormais perdus pour la Ville comme pour les successeurs de ces
anciennes et illustres phalanges de l’Arquebuse de Corbeil.
L’Arquebuse
Royale et Nationale de Corbeil n’existera plus légalement,
mais les anciens Chevaliers lui survivront quelque temps encore ; s’ils ne sont
plus en Confréries, avec les anciens privilèges, leurs brillant uniformes,
leurs concours régionaux, les Bouquets ou gages d’armes, ils se réuniront pour
l’exercice du tir.
Se
décorant encore, pendant leurs exercices, du titre d’Arquebusiers de Corbeil,
ils tenteront de continuer la tradition de leurs excellentes relations avec les
autorités de la Ville.
Mais
la révolution marchait à grands pas vers les excès et les catastrophes ; la
Convention formée, la Royauté abolie, la République proclamée, survint 1793,
les Arquebusiers furent dépossédés de leurs Hôtel et Jardin transformés, sans indemnités,
en biens nationaux, de par le décret de la Convention Nationale du 25 Avril 1793.
Ce ne fut pas assez de dépouiller les Arquebusiers de leurs propriétés immobilières,
il ne devait plus rester quoi que ce fût de ce qui avait pu leur appartenir.
La
révolution s’acharnant après ces anciennes Confréries confisqua leur mobilier,
leurs finances et anéantit leurs archives.
Mr DELAUNAY
Un
don très important a été fait à la bibliothèque en 1887, par Mr Delaunay Louis, Auguste, avoué honoraire à Corbeil,
auteur d’un livre important sur les arquebusiers en général.
Mr
Delaunay s’était fait une très intéressante spécialité de l’histoire de ces
anciennes compagnies d’archers, d’arbalétriers et d’arquebusiers, qui jouèrent
un rôle si important dans l’histoire militaire de la France.
Le
bel ouvrage auquel Mr Delaunay a attaché son nom et qu’il a publié en 1879,
sous le titre modeste de « Etude sur les anciennes Cie d’Archers, d’Arbalétriers,
et d’Arquebusiers », fut le fruit de ses longues et patientes recherches.
Pendant
vingt cinq ans, il n’a cessé d’accumuler, sans compter, de nombreux documents
de toutes sortes, livres, brochures, manuscrits, chartres, estampes etc.,
qu’il a recueillis un peu partout , en France comme à l’étranger , ou qu’il
a fait copier dans les bibliothèques publiques . Il faut citer permis ces derniers,
un beau volume, richement relié, qui a coûté une année de travail ; c’est
l’Armorial d’une partie des Compagnies de France et d’Etranger, dont il a pu
retrouver les blasons dans d’Hozier ou ailleurs, chaque Compagnie citée y a ses
armoiries en couleurs, et deux albums, qui renferment des centaines d’estampes
se rapportant toutes au sujet cher au donateur.
C’est
cette collection si spéciale et si intéressante, dont la pareille n’existe
probablement pas, que Mr Delaunay a généreusement offerte, en février 1887 à la
bibliothèque, et par conséquent à la ville de Corbeil, en l’accompagnant de
l’aimable lettre suivante :
« Mon cher Bibliothécaire
Je suis trop vieux maintenant,
pour faire une deuxième édition de mon livre, à l’aide des livres brochures, plaquettes, notices, etc. .... que
j’ai coutume à collectionner.
Pour éviter la dispersion,
je viens vous prier de les accueillir dans la bibliothèque de la ville de Corbeil,
comme fond spécial, c’est une biblio non encore complète, mais qui, réunie
comme elle est, me parait intéressante à conserver. »
Le
désir de Mr Delaunay a été satisfait et
la donation comprend environ
234
volumes, et c’est grâce a ce remarquable travail,
qu’aujourd’hui nous pouvons à nouveau faire connaître une part glorieuse de
notre patrimoine historique.
L’intégralité
de ce document est un condensé d’une partie de l’ouvrage publié en 1879 et ce
rapportant à l’ancienne Compagnie Royale de l’Arquebuse de Corbeil.
Christian
CHEMIN
Capitaine de
l’Arquebuse Royale de Corbeil