La Compagnie de

L’Arquebuse  ROYALE de CORBEIL

 

 

Quelques  mots préliminaires sur la ville de CORBEIL, ses origines, sa description

Petite ville de la banlieue sud de l’Ile de France, à l’origine château où place forte dans l’antiquité, puis ville fortifiée sous le règne de Charles le Chauve.

La ville était entourée de bonnes murailles, le tout soutenu de remparts de terre, pour garantir la ville et ses habitants des inondations de la rivière Seine, et les préserver des pillages et rapines des gens de guerre.

On comptait aux XVI siècles, cinq églises dans l’intérieur de la ville.

                                                             

 

 

 

 

Anciens privilèges des habitants de la ville de Corbeil

Les habitants de la ville de Corbeil paraissent avoir, de tout temps, joui du droit de communauté et de corps de ville, et pour la direction de leurs affaires, ils avaient trois Echevins, un receveur de deniers communs et d’octrois, avec son contrôleur.

Au temps de LOUIS le Gros, le peuple des villes et des villages de France était obligé d’aller à la guerre, et se trouver aux armées, mais le Roi, par forme de privilège, accorda aux habitants de Corbeil, qu’ils ne seraient tenus « d’aller à la guerre que deux fois l’année, et ne seraient obligés de s’éloigner de leurs demeures, plus loin que douze lieues ».

Aussi le peuple alors ne payait point de tailles, mais depuis qu’il fut chargé de subsides, tailles et taillons, il fut déchargé du service personnel, qu’il avait accoutumé de rendre à ses dépens.

C’est alors que les habitants de Corbeil s’organisèrent , soit en milices bourgeoises , soit en confréries de l’arc et de l’arbalète , et plus tard en compagnies d’arquebusiers , et se livrèrent avec le plus louable zèle à l’exercice des armes , afin d’être en mesure , si l’occasion se présentait , de défendre la ville contre toute entreprise , ou de se mettre à la disposition du Roi  en cas de guerre .

  

 

La Compagnie d’Arquebusiers

On ne trouve aucune mention des confrères Arquebusiers de Corbeil avant 1418 ; Jean de la Barre semble même n’en avoir reconnu l’existence qu’en 1544.

Cependant les derniers membres de la Compagnies qui était en plein exercice en 1790. On revendiqué, à l’honneur de leurs devanciers, un fait glorieux remontant au siège de Corbeil par le duc de Bourgogne en 1418 ; et Ricard (secrétaire général du Concordat des quatre Provinces depuis 1773), dans son mémoire au Roi, en 1789, affirme leur intervention efficace dans la résistance opposée par la ville à ce Prince.

« Le duc de Bourgogne assiégea en vain Corbeil en 1418, la Compagnie des Arquebusiers, et tous les corps de milice bourgeoise, résistèrent jusqu’à l’arrivée des troupes du Roy qui firent lever le siège »

 

En 1544, le Roi créa un corps temporaire d’arquebusiers pour la défense de la ville de Corbeil

Cette intervention du Roi pour la création de ces Arquebusiers complémentaires permet d’affirmer que l’Arquebuse de Corbeil était, depuis un temps très reculé, d’institution royale.

Le duc de Gesvres, Gouverneur de Paris et de L’Isle de France, proclame le fait dans son ordonnance du 26 juillet 1757, approbative des nouveaux statuts de la Compagnie Royale des Arquebusiers de Corbeil.

Les titres anciens ont d’ailleurs passé sous ses yeux. Aussi a-t-il pu déclarer que « que la Compagnie des Chevaliers de l’Arquebuse, instituée pour la Ville de Corbeil, a été confirmée par Henri II, de glorieuse mémoire, sous le nom de l’Arc et de l’Arbalète ».

On retrouve les Arquebusiers de Corbeil prenant la plus grande part , en 1590 , à la défense de la Ville assiégée par Alexandre Farnèse , Duc de Parme , luttant pour la ligue contre Henri IV .

En 1590, la Ville fut assiégée par les Espagnols, le Duc de Parme essuya pendant un mois la résistance des habitants et des Arquebusiers, avant de s’emparer de Corbeil.

Dans le commencement de Novembre, le Duc de Parme partit de Corbeil pour retourner en Flandre, laissant une garnison insuffisante pour la défense de la Ville.

Le seigneur de Givry, gouverneur de la Province, avec l’aide des Arquebusiers reprirent en quelques heures leur Ville.

Tous les Capitaines et Soldats qui se trouvèrent dans Corbeil  furent tués, sans en épargner aucun  pour rendre la pareille de l’exécution que les Espagnols y avaient faite.

 

 

 

 

 

                                                                

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Privilèges du Roi de l’oiseau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les lettres patentes délivrées successivement par les Rois Henri II et Henri III n’avaient pas eu seulement pour but de consacrer l’institution des Arquebusiers de Corbeil, mais encore elles avaient tout spécialement reconnu les privilèges accordés à celui d’entre  les Chevaliers qui abattraient le Papegault (l’oiseau).

Ces privilèges étaient certainement identiques à ceux concédés aux institutions de même nature dans les autres Villes du Royaume.

Ils se résument au surplus, en ce qui concerne la Ville de Corbeil, en ceci, savoir : exemption de tout tribut ; VIII e, quatrième, et XX e du vin pour les meilleurs tirant l’Arc et l’Arbalète pendant l’année de la Royauté.

Henri IV maintint les concessions des Rois ses prédécesseurs, ainsi que le texte des lettres patentes d’Octobre 1602.

Ces lettres patentes furent adressées par le Roy le 13 décembre 1602, à la cour des Aydes, pour y être vérifiées.

Cette formalité accomplie, elles y furent enregistrées.

Des lettres de confirmation de Henri II et de Henry IV il y résulte que Corbeil avait eu aussi ses Compagnies d’Archers et d’Arbalétriers, leur histoire est depuis longtemps tombée dans l’oubli, car les termes de ces ordonnances et des pièces transcrites, sont les seules traces de ces corporations confondues en définitive dans la Confrérie des Arquebusiers qui leur a survécu.

Indépendamment des exemptions et privilèges accordés par les Rois, le vainqueur de l’oiseau, à Corbeil, fut gratifié par la ville d’un privilège spécial.

Le Roi de l’Arquebuse eut le droit de vendre son vin avec exemption du paiement des droits d’octroy dits de la moitié de courte pinte, appartenant à la Ville, à la charge toutefois du versement annuel au receveur des octroys d’une somme de trois livres tournois, à titre d’abonnement.

Ce privilège, dont l’origine n’est pas fixée par une date précise, parait, en tout cas, remonter à une époque fort ancienne, antérieure certainement à 1556, date des lettres de confirmation de Henri II.

Le Roy de l’Arquebuse fut aussi autorisé à céder son droit de privilège à quelque autre membre de la Compagnie ; ce fait ressort d’une délibération de l’Assemblée municipale du 25 septembre 1672, portant, comme les précédentes, adjudication des droits d’octroy de courte pinte.

Cette charge est encore textuellement reproduite dans une autre délibération du 10 septembre 1684, c’est la dernière inscrite aux registres de la Ville, concernant cette matière.

Mais il faut admettre que l’exemption dont jouissait le Roy de l’Arquebuse fut maintenue jusqu’au décret de juin 1790 , qui fit disparaître , comme on sait , non seulement les privilèges des Corporations et ceux de leurs Rois , mais encore les Compagnies privilégiées elles-mêmes .

Toutefois, ce n’est pas sans trouble, que les Roys de l’Arquebuse de Corbeil ont bénéficié de l’exemption à ceux concédée à eux par la Ville.

En effet , en 1672 , bien que le cahier des charges du fermier des octroys lui imposât , comme il vient être dit , l’obligation de respecter le privilège du Roi de l’Arquebuse , le sieur Isaac Boulanger , adjudicataire des droits d’octroy , tenta de s’affranchir de cette condition , et voulu contraindre le Roy proclamé en 1671 à payer les droits de courte pinte à raison du vin qu’il avait vendu en détail , sans tenir compte du privilège accoutumé .

Un procès s’ensuivit en l’Election de Paris : la ville de Corbeil résolut d’y intervenir pour défendre et faire maintenir les droits du Roi de l’oiseau.

Cette résolution est consignée dans une délibération du bureau de la Ville, en date du 3 juillet 1672.

A ce privilège de l’exemption du droit de courte pinte, vint s’ajouter, en 1690, une allocation de trente livres à prendre sur les octrois de la ville.

Cette allocation fut confirmée par un arrêt du conseil d’Etat du Roi en date du 15 mars 1692.

Les Rois de l’oiseau de l’Arquebuse de Corbeil ont joui de cette allocation annuelle de trente livres, tout au moins jusqu’en 1767, comme justification on a trouvé dans les archives de la Ville un mandat de paiement.   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hôtel et jardins de l’Arquebuse

 

                                                           

 

La Compagnie Royale des chevaliers de l’Arquebuse de Corbeil tint ses réunions et se livra à l’exercice du tir, dans les temps les plus reculés, sur un terrain six place Saint Guenault ; plus tard elle transporta son siège sur l’un des remparts de Corbeil, non loin de la porte Saint Nicolas, ou elle combattit victorieusement le 13 novembre 1562.

Elle y créa son Jardin ; elle y construisit son Hôtel, et demeura propriétaire du tout jusqu’au 27 avril 1793, date du décret de la Convention nationale, qui déclara biens nationaux les meubles et immeubles qui avaient été possédés par les ci-devant chevaliers ou par les compagnies connues sous le nom d’Arquebusiers.

Il est difficile de préciser l’époque de l’installation des Jardins, Jeu et Hôtel de l’Arquebuse sur le rempart : cependant on peut la placer entre l’année 1687 et l’année 1695.

 

En 1751 la Compagnie de l’Arquebuse, pour compléter son Jardin, obtint de M le Duc de Villeroy, « comme Seigneur engagiste du domaine de la Ville et Comté de Corbeil » la concession gratuite d’un terrain vague joignant le dit Jeu, pour servir à sa décoration

 

 

Statuts et règlements

 

La Compagnie des Chevaliers de l’Arquebuse royale de Corbeil fut régie, jusqu’en 1757, par des règlements et des statuts fort anciens sans doute, mais absolument inconnus aujourd’hui.

En 1757 , considérant que ces règlements faisaient souvent naître des contestations , par la diversité des arrêtés sur une même matière , et les variations qui s’y rencontraient , qui ne pouvaient former pour la Compagnie une loi précise et une règle de conduite connue , et à portée d’un chacun pour l’exécuter , les Arquebusiers de Corbeil pensèrent trouver avantage à dresser un corps ou collection de Statuts et Règlements divisés par ordre et par titres formés de l’esprit des anciens statuts , et conformes à ceux d’autres Compagnies du Jeu de l’Arquebuse dans la Province de l’Ile de France .

Ces nouveaux statuts furent faits et arrêtés, la Compagnie assemblée le 17 juillet 1757 après midi.

Dès le titre le titre, les Arquebusiers annoncent ingénieusement le fond de leur code.

En tête des statuts on lit en effet le quatrain suivant, écrit en latin, et accompagné de la traduction en français :

 

Nos lois, sous l’image d’un jeu,

Sont une école de la guerre,

Nos prix, qui des vertus sont le juste salaire,

Apprennent à servir et son Prince et son Dieu.

 

 

L’Arquebuse de Corbeil fait partie des concordats des quatre Provinces

 

La Compagnie de l’Arquebuse de Corbeil faisait partie du Concordat intervenu à Chaunay en 1680, entre les provinces de Picardie, Champagne, Brie et Ile de France.

Elle fut également représentée à la réunion qui eut lieu pour la formation d’un nouveau Concordat le 18 décembre 1775, en la salle Saint-Michel du Grand Couvent des Cordeliers de Paris, sous la présidente du Duc de Bourbon, Gouverneur général de la Champagne, le délégué de Corbeil fut M Vaudreuil.

Corbeil devait avoir, d’après la fixation édictée par l’assemblée concordataire, 50 chevaliers, ce nombre ne fut atteint qu’une seule fois.

 

 

Concours Provinciaux

 

                                                            

 

En raison de sa participation aux Concordats de 1680 et de 1775, la Compagnie de l’Arquebuse Royale de Corbeil se rendit, en diverses circonstances, aux invitations qu’elle reçut d’assister à des tirs provinciaux.

 

Une solennité de ce genre eut lieu à Melun le 6 juin 1692 ; la Compagnie s’y transporta, et le prix du Bouquet fut remporté par l’un de ses Chevaliers, M Dugoigt.

Elle a figuré au tir général de Provins en 1686 , au tir provincial de Reims en 1687 , elle y fut représentée par M. Darbonne , son Capitaine en chef , et par un Chevalier ; encore à Provins en 1695 , à Compiègne en septembre 1729 .

L’arquebuse de Corbeil a pris part à Meaux, au tir général du 29 août 1717, décrit d’une manière si originale par la gravure de Joulain ; vingt de ses Chevaliers « au costume gris de fer et portant des pêches de Corbeil » y ont concouru.

Un des Chevaliers de Corbeil gagna l’un des prix, et le panton fut conservé dans la salle des assemblées jusqu’en 1790 : mais le nom de ce Chevalier est tombé dans l’oubli.

Le 4 septembre 1729, à Compiégne, le Chevalier Richard eut le treizième prix.

On vit la Compagnie de Corbeil concourir le 11 septembre 1754 à Châlons-sur-Marne.

Le sucés obtenu à Melun le 6 juin 1682  ne resta pas isolé , l’almanach de la Ville et District de Corbeil de 1792 rapporte , en effet , que les Chevaliers Richard et meunier de l’Arquebuse de Corbeil furent déclarés vainqueurs du Bouquet au tir provincial de Brie-Comte-Robert ,

le 1er septembre 1765 .

Ce Bouquet devait être représenté à Corbeil ; le programme de la fête projetée à ce sujet fut publié le 12 février 1772, au bruit du canon.

La Compagnie d’Arquebusiers de Montereau-faut-Yonne rendit, le 28 août 1773, le prix qu’elle avait remporté à la Ferté-sous-Jouarre en 1766.

Elle convoqua les Confréries du Concordat ; et les logements des chevaliers invités furent préparés dans les différentes auberges de la Ville et de ses faubourgs, sur chaque portes on lisait : «  Hôtel de Paris, Hôtel de Corbeil, etc. ...... En faveur de ceux qui ne sçavoient pas lire  chaque Compagnie laissoit flotter son étendard à la fenêtre  ».

L’Arquebuse de Corbeil y avait député neuf Officiers et vingt Chevaliers.

A leur tour les Chevaliers de l’Arquebuse de Saint-Quentin rendirent le 5 septembre 1774, le Bouquet qu’ils avaient gagné au tir provincial de Châlons-sur-Marne, le 11 septembre 1754.

Quarante-deux Compagnies répondirent à l’appel de l’Arquebuse de Saint-Quentin ; la Confrérie de Corbeil qui prit le vingt-deuxième rang, était composée de:

 

Messieurs,

Richard de Baudreuil, Capitaine                               Lorel, Chevalier Grenadier,

Bertrand, Premier Lieutenant,                                  Brisset, Chevalier,

Meunier, deuxième Lieutenant,                                Bachelet, Chevalier,

Richard, Lieutenant des Grenadiers,                         Joson,  Chevalier,

De la Saudade, Major,                                             Huart, Chevalier,

Maire, Enseigne,                                                      Bourgeois, Chevalier,

Lesage, Porte Guidon,                                             Durand,  Chevalier,

Denuelle de Vigny, Commissaire-Inspecteur,           Denuelle de la pleigne, Chevalier.

Lefebvre, Chevalier Grenadier,

Deshayes, Chevalier Grenadier,

Boullant,  Chevalier Grenadier,

Rollot, Chevalier Grenadier,

 

Les Chevaliers Bourgeois et Lefebvre remportèrent les septième et huitième prix du quatrième panton.

Les Arquebusiers de Meaux vainqueurs du Bouquet à Montereau-faut-Yonne, en 1773, le rendirent le 6 septembre 1778.

La fête du Prix Général du 6 septembre 1778 fut « une des époque les plus glorieuses dans l’histoire provinciale de l’Arquebuse de Corbeil  ».

L’un des Chevalier fit sur le premier panton un coup à deux lignes, de sorte qu’il prétendit droit au bouquet et à l’Epée d’honneur.

 

Le Bouquet

 

                                               

 

 

Le Bouquet offert par la ville de Meaux, le 6 septembre 1778, et qui, plus tard, fut déposé dans la grande Salle des délibérations de l’Arquebuse de Corbeil, était une pyramide de même forme et enrichie de différents ornements et attributs.

« Sur l’une des faces de la base , était une inscription qui annonçait l’année de la présentation du Bouquet ; sur l’autre , était une pareille inscription désignant que le prix était le premier qui eût été rendu depuis la rénovation du Concordat des quatre provinces ».

« Sur la troisième face étaient peintes les Armes des Gouverneurs, sous lesquels s’était renouvelé ledit Concordat.

Ces Armes étaient celles de S A Monseigneur le Duc de Bourbon , Prince du sang , Gouverneur de Brie et Champagne , de Monseigneur le Duc de Gesvres , Gouverneur de l’Isle de France , de Monseigneur le Duc de Cossé , Gouverneur de Paris , et de M. le Comte de Périgord , Gouverneur de Picardie . Ces quatre écussons étaient unis ensemble par un ruban enlacé , pour désigner l’union qui régnoit entre les Compagnies d’Arquebuse de ces quatre Provinces .

Sur la principale face de la pyramide on voyait un chêne au naturel avec ses feuilles et son fruit

A ce chêne était attaché un médaillon de forme ovale représentant Louis XVI.

On lisait sur le ruban, qui le tenait attaché, cette inscription  REGI BENEFICO, le chêne désignait la force et la durée de la Monarchie Française ; les feuilles et les fruits étaient l’emblème de la fécondité du Royaume de France.

Sur la seconde face, l’écusson des Armes de France était attaché à un palmier : ce qui désignait que la France saurait toujours vaincre ses ennemis, et que les jours du Monarque seraient comptés par ses victoires.

La troisième face présentait un olivier, ou était pareillement attaché l’écusson des Armes de la ville de Meaux, emblème de la paix qui permettoit à la Compagnie de l’Arquebuse de la ville de Meaux de rassembler dans ses murs le nombre zélé des Arquebusiers.

Cette pyramide était surmontée d’une boule sur laquelle était placée une renommée ; elle tenait d’une main la trompette , de l’autre une couronne naturelle de lauriers ; elle avait un pied en l’air , et ses ailes étaient déployées pour publier partout la bienfaisance du Roi : la couronne était le prix du vainqueur .

Autour de la pyramide, était une balustrade réunie en trois parties à trois piédestaux, et ne faisant qu’un seul corps.

Cette balustrade était à jour et formée par des entrelacs. Sous ces emblèmes de l’institution des Compagnies d’Arquebuse.

On voyait, à deux de ces trophées, deux écus sur lesquels étaient empreint deux chiffres : l’un était la devise d’un preux Chevalier, AMOUR, HONNEUR, et l’autre était celui de M de Peillon, Capitaine de l’Arquebuse Royale de Meaux.

Cette pyramide était en marbre blanc, les ornements étaient en or, la sculpture était du sieur Blin, et la dorure du sieur Pasquier, artistes connus et digne de réputation dont ils jouissaient dans cette ville.

Le Chevalier Goix le l’Arquebuse de Corbeil avait fait les deux meilleurs coups et le 2 Mars 1780 le Bouquet fut apporté en grande pompe à Corbeil, et la Milice Bourgeoise alla au devant du Chevalier Goix, sur le pont de Seine, lui offrir le laurier en consécration de sa gloire.

 

 

Luxe, Costumes .

 

Les Chevaliers de l’Arquebuse de Corbeil ne le cédaient aucunement aux Chevaliers des autres Confréries, quant au luxe et à l’éclat de leur costume.

On a lu la description de leur uniforme dans les statuts du 17 Juillet 1757 ; le velours ponceau, cramoisy, les galons d’or, les épaulettes, les plumes qui décoraient le chapeau, donnaient à cet uniforme une certaine splendeur.

Tous les comptes rendus des divers tirs provinciaux auquel l’Arquebuse de Corbeil a assisté en font le plus grand éloge.

Rien ne fut plus brillant , dit l’auteur anonyme de la fête du Bouquet à Montereau-Fault-Yonne , du 28 Août 1773 , que l’arrivée du coche d’eau frété par les Compagnies de Mante , Meulan , Paris , Saint Denis , Lagny , Corbeil , le temps était le plus beau du monde , toutes les Compagnies étaient sur le tillac , chacune sous leur étendard .

Le brillant et la variété des uniformes ajoutait à la beauté du spectacle.

 

 

 

 

 

Etendard

                                              

 

                                                                                                                          

               

                                                                                                        

 

En 1754 à Chalons sur Marne, l’Etendard de la Compagnie de l’Arquebuse Royale de Corbeil est décrit par le Chanoine Beschefer comme étant un drapeau à fond bleu semé de lis d’or.

D’un côté est une croix blanche, au milieu de laquelle sont les Armes de France accolées de celles de Navarre.

Plus bas sont les Armes de Monsieur le Duc de Villeroy, d’azur au chevron d’or accompagné de trois croix ancrées de même, deux et une.

L’écusson surmonté d’une couronne Ducale; au milieu sur une large bande est écrit en lettre d’or COR BELLO PACEQUE FIDUM.

Au revers du drapeau sont les attributs anciens de la Compagnie de l’Arquebuse.

Au 19em siècle Mr de Delaunay le décris ainsi :

L’Etendard de la Confrérie de Corbeil était de soie blanche ; aux Armes de France d’un côté, et les Armes de la Ville de l’autre, étaient magnifiquement brodées au centre, la Compagnie n’ayant pas d’armoiries spéciales.

De toute ancienneté l’Ecusson des Armes de Corbeil était chargé d’un coeur de gueules, rempli d’une fleur de Lys d’or en champ d’azur, voulant dire que les habitants ont le coeur bel, loyal, fidèle, et affectionné au service du Roy et à la couronne de France.

L’Etendard portait en outre la devise de la ville de Corbeil:

COR BELLO PACEQUE FIDUM, qui signifie soit FIDELE EN PAIX COMME EN GUERRE.

 

 

Eugène de Pradel, improvisateur bien connu, composa sur cette devise en quelques minutes les quatre couplets :

 

Aux jours affreux de détresse et d’alarmes,

Jours ou la Ligue était ivre de sang,

Un vieux Guerrier saisit sa hache d’armes,

Puis à son fils dit, en la brandissant :

Vole aux combats remplacer ton vieux père,

Et pour l’honneur, ton prince et ton pays

Meurs, s’il le faut ; mais surtout, ô mon fils

Sois fidèle en pais comme en guerre.

 

 

 

Musique et Sceau

 

La musique se composait de deux tambours, un fifre et quatre musiciens qui accompagnaient la Compagnie ou ses délégués dans les concours provinciaux et dans les cérémonies publiques.

Aucun document n’est venu révéler que l’Arquebuse de Corbeil possédât un sceau.

Les procès-verbaux des délibérations connues n’en font nulle mention, et les expéditions de ces procès-verbaux n’en sont pas revêtues.

Cependant, aux termes de son règlement de 1757, on sait qu’elle délivrait pour prix des jetons d’argent au coin de la Compagnie. C’est d’un de ces jetons sans doute que veut parler le paléographe Chassant dans son Dictionnaire des devises (Paris 1878).

Il le désigne comme portant sur l’une de ses faces la devise de la Ville.

 

 

 

C’était au bord où, fécondant la plaine,

Riche des biens mûris par le soleil,

Avec amour la Nymphe de la Seine

Baigne, en passant, les remparts de Corbeil,

Du vieux Soldat la leçon noble et chère,

Dans tous les coeurs enfante des héros,

Et mille voix font redire aux échos :

    Sois fidèle en paix comme en guerre.

 

D’ingrats Français ont pu fermer leurs portes

Au bon Henri, qui veut les affranchir ;

Sans le secours de ses braves Cohortes,

Il voit Corbeil, à son aspect s’ouvrir.

Sous l’olivier déposant son tonnerre,

Le Béarnais dit à ses habitants :

Je le savais ; Corbeil dans tous les temps,

    Fut fidèle en paix comme en guerre.

 

 

 

Depuis ce jour, consacré par l’histoire,

Jour glorieux, que le coeur doit bénir,

Les citoyens, héritiers de leur gloire,

D’un mot heureux gardent le souvenir,

Brave Cité, ce Roi sur ta bannière,

Récompensant dévouement et valeur,

Mis pour devise et pour gage d’honneur :

  Soit fidèle en paix comme en guerre.

 

 

 

 

 

Dicton

 

Une ancienne tradition fait connaître que la Compagnie de l’Arquebuse Royale de Corbeil était signalée dans les réunions provinciales par le dicton :  les Pêches , on disait des habitants de Corbeil : petite ville , grand orgueil , donnant à entendre que ce dicton procède de ce que les habitants de cette ville sont hauts à la main et prompts aux armes .

Corbeil , où la terre a la propriété de produire des Pêches excellentes ; d’où procède le cri vulgaire de Pêches de Corbeil , qui a été autrefois le cri militaire de cette ville , qui ne doit point être trouvé plus étrange que celui de l’Olive d’Athènes , de la rose de Rhodes , du Mûrier de la Morée , de la Grenade d’Espagne , et de toutes sortes de fruits et fleurs dont divers peules et Capitaines ont usés en leurs devises et Armoiries , afin d’être mieux connus et remarquez en l’exécution de leurs prouesses et actions guerrières .

 

Fêtes

 

L’Arquebuse Royale de Corbeil prit part, avec le Corps municipal et avec la milice bourgeoise sur laquelle elle avait le pas et la préséance, aux fêtes et cérémonies civiles ou religieuse qui furent célébrées à Corbeil, en différentes occasions.

 

Le zèle des Arquebusiers de Corbeil ne s’est pas manifesté seulement dans les fêtes et cérémonies civiles, militaires, ou religieuses, qu’on vient de rappeler.

Le 18 octobre 1775 un violent incendie menaçait de ruiner la maison du sieur Leleu , munie à Corbeil , les Chevaliers de l’Arquebuse firent preuve , dans cette calamiteuse circonstance , d’un dévouement sans bornes ; ils se multiplièrent , et leur précieux concours fut remarqué et signalé à qui de droit .

Ricart , le dernier Secrétaire général du concordat de 1775 , dans son journal de la Compagnie des citoyens arquebusiers royaux de la ville de Paris , mentionne la présence à Paris , le 14 juillet 1789 , d’un certain nombre de députés des Compagnies d’Arquebusiers de Melun , Troyes , Nogent-sur-Seine , Saint-Denis , et autres villes voisines de la Capitale ; et il y a tout lieu de croire que la Compagnie de Corbeil , par un ou peut-être plusieurs de ses membres , fut représentée à la prise de la Bastille .

Ce qui est bien constant , d’après ce journal , c’est que le <chevalier Goix de Corbeil a partagé avec les Arquebusiers de Paris , les fatigues et les périls du service militaire , depuis le 14 juillet jusqu’au 3 septembre 1789 .

On lit , en effet , dans le dernier procès-verbal de Ricart , à cette date , ces mots :

La Compagnie des arquebusiers de Paris se croit obligée de consigner ici les noms des Officiers et Chevaliers des Compagnies de province qui ont fait éclater leur zèle patriotique , en partageant les peines et les travaux guerriers de la Compagnie en différentes circonstances ; ce sont : MM , Goix Corbeil , Colfart Troyes , Esprit Meulan , etc.,,etc.       

 

 

Juridiction

 

L’Arquebuse de Corbeil était, comme toutes les sociétés de ce genre, soumise à la juridiction de la Connétablie et Maréchaussée de France, à la table de marbre du Palais, à Paris, et on a vu plus haut qu’elle y avait utilement recouru pour faire rétablir aux mains  du Chevalier Goix le Bouquet et l’Epée y attachée qui avaient été remis injustement à la Compagnie de Coulommiers et au Chevalier Barbier, lors du concours provincial de Meaux en 1778.

La procédure qui fut engagée à ce sujet comporte neuf jugements précédents la sentence finale et décisive du 27 août 1779. On peut juger, par ce fait, combien les Chevaliers de Corbeil attachaient d’intérêt à leur cause, si légitime d’ailleurs.

La Compagnie avait, en d’autres occasions, déjà sollicité l’intervention de la Connétablie. Les archives nationales conservent, en minutes, divers jugements rendus dans des causes très variées.

 

 

Fin de l’Arquebuse

 

L’Arquebuse Royale de Corbeil, chargée de gloire, soit à raison des faits de guerre auxquels elle a assisté, soit à raison des succès qu’elle a obtenus dans les réunions provinciales, honorée des autorités et des habitants de la ville, heureuse d’apporter quelque éclat dans les fêtes et cérémonies, comme aussi de prendre sa part dans les périls exceptionnels, a continué de fonctionner jusqu’au décret du 18 Juin 1790 qui dispersa les Compagnies privilégiées.

L’Assemblée Nationale avait préludé à cette suppression par le décret des 4 , 6 , 7 , 8 et 11 Août 1789 .

Les drapeaux de l’Arquebuse de Corbeil devaient, en exécution de ce dernier décret , être déposés à la voûte de l’église principale de la ville , pour y demeurer consacrés à l’union , à la concorde et à la paix .

Chacun, du moins, espérait que ces précieux étendards y demeureraient à toujours ; on avait compté sans la préoccupation de l’avenir, on ne pouvait encore prévoir l’incendie volontaire qui les anéantit deux ans plus tard.

Ils sont donc désormais perdus pour la Ville comme pour les successeurs de ces anciennes et illustres phalanges de l’Arquebuse de Corbeil.

L’Arquebuse Royale et Nationale de Corbeil n’existera plus légalement, mais les anciens Chevaliers lui survivront quelque temps encore ; s’ils ne sont plus en Confréries, avec les anciens privilèges, leurs brillant uniformes, leurs concours régionaux, les Bouquets ou gages d’armes, ils se réuniront pour l’exercice du tir.

Se décorant encore, pendant leurs exercices, du titre d’Arquebusiers de Corbeil, ils tenteront de continuer la tradition de leurs excellentes relations avec les autorités de la Ville.

Mais la révolution marchait à grands pas vers les excès et les catastrophes ; la Convention formée, la Royauté abolie, la République proclamée, survint 1793, les Arquebusiers furent dépossédés de leurs Hôtel et Jardin transformés, sans indemnités, en biens nationaux, de par le décret de la Convention Nationale du 25 Avril 1793. Ce ne fut pas assez de dépouiller les Arquebusiers de leurs propriétés immobilières, il ne devait plus rester quoi que ce fût de ce qui avait pu leur appartenir.

La révolution s’acharnant après ces anciennes Confréries confisqua leur mobilier, leurs finances et anéantit leurs archives.

 

  

Mr DELAUNAY

 

Un don très important a été fait à la bibliothèque en 1887, par Mr Delaunay  Louis, Auguste, avoué honoraire à Corbeil, auteur d’un livre important sur les arquebusiers en général.

Mr Delaunay s’était fait une très intéressante spécialité de l’histoire de ces anciennes compagnies d’archers, d’arbalétriers et d’arquebusiers, qui jouèrent un rôle si important dans l’histoire militaire de la France.

Le bel ouvrage auquel Mr Delaunay a attaché son nom et qu’il a publié en 1879, sous le titre modeste de « Etude sur les anciennes Cie d’Archers, d’Arbalétriers, et d’Arquebusiers  », fut le fruit de ses longues et patientes recherches.

Pendant vingt cinq ans, il n’a cessé d’accumuler, sans compter, de nombreux documents de toutes sortes, livres, brochures, manuscrits, chartres, estampes etc.,

qu’il a recueillis un peu partout , en France comme à l’étranger , ou qu’il a fait copier dans les bibliothèques publiques . Il faut citer permis ces derniers, un beau volume, richement relié, qui a coûté une année de travail ; c’est l’Armorial d’une partie des Compagnies de France et d’Etranger, dont il a pu retrouver les blasons dans d’Hozier ou ailleurs, chaque Compagnie citée y a ses armoiries en couleurs, et deux albums, qui renferment des centaines d’estampes se rapportant toutes au sujet cher au donateur.

C’est cette collection si spéciale et si intéressante, dont la pareille n’existe probablement pas, que Mr Delaunay a généreusement offerte, en février 1887 à la bibliothèque, et par conséquent à la ville de Corbeil, en l’accompagnant de l’aimable lettre suivante :

 

 

 

 

                                                                     «    Mon cher Bibliothécaire

 

Je suis trop vieux maintenant, pour faire une deuxième édition de mon livre, à l’aide des livres  brochures, plaquettes, notices, etc. .... que j’ai coutume à collectionner.

Pour éviter la dispersion, je viens vous prier de les accueillir dans la bibliothèque de la ville de Corbeil, comme fond spécial, c’est une biblio non encore complète, mais qui, réunie comme elle est, me parait intéressante à conserver. »

 

Le désir de Mr Delaunay  a été satisfait et la donation comprend environ

234 volumes, et c’est grâce a ce remarquable travail, qu’aujourd’hui nous pouvons à nouveau faire connaître une part glorieuse de notre patrimoine historique.

L’intégralité de ce document est un condensé d’une partie de l’ouvrage publié en 1879 et ce rapportant à l’ancienne Compagnie Royale de l’Arquebuse de Corbeil.

 

 

 

 

 

 

Christian CHEMIN

Capitaine de l’Arquebuse Royale de Corbeil